Océanne
C'est encore moi. Je sais c'est terriblement difficile de repartir de l'avant, mais je peux te promettre une chose, c'est que lorsque tu auras pris ta décision, avec toutes ses conséquences, quant au fond de ton coeur tu sentiras ce pincement, ce déchirement, que tu tournes la page consciemment et non pas car tu es victime d'une situation, alors tu pouras commencer à respirer à nouveau, et voir le côté positif, et à avancer.
Quand j'ai enfin pu prendre la décision de laisser tomber, j'ai réalisé que la boîte qui me retenait prisonnière et bouchait mon horizon sur toutes ses faces, n'était en fait qu'une boîte en carton, et ainsi j'ai déchirés tous les côtés d'un coup.
Je sais que l'avenir te parait sombre et maudis maintenant, mais moi aussi j'ai tout perdu en quittant mon mari; mon domicile, mon standard de vie (il était le seul à bosser), le droit de vivre dans son pays (USA), mes études.
Mais j'en suis revenue.
J'ai du retourner chez mes parents, me sentant une étrangère dans mon propre pays (France), sans diplôme reconnu en France au delà de BAC+2 alors que je suis étudiante depuis 8 ans...
Et surtout avec ce terrible sentiment d'échec et de rejet. Comme si tout ce que j'avait cru et vécu durant ces 5 dernières années était caduc!! Une grosse farce en somme...
La route à paver sera longue et tu sentiras le poid de chaque pierre que tu scelleras, mais avec chacune d'elles tu sentiras aussi le poid de ta souffrance te quitter petit à petit.
D'un point de vue pratique, renseignes-toi pour connaitre tes droits financiers. As-tu le droit de garder la maison (si tu es mariée, as-tu un contrat de mariage, quels sont tes droits même si la maison est à son nom, par défaut comme elle a été achetée durant votre union est-elle à moitié à toi, etc... Peut-être peux-tu trouver un service d'aide légale peu honéreux ou gratuit auprès des services sociaux près de chez toi?).
Ca peut sonner cruel mais joue du fait qu'il à été le premier à vouloir la séparation. Même si dans un deuxième temps vous pouvez avoir une bonne relation, pour l'instant pense à vous protéger toi et ton enfant, et en tout cas ne quitte pas le logement conjugal avant de connaître tes droits (surtout que tu dépeinds son comportement comme irrationnel).
C'est dur de ne pas pouvoir aller de l'avant quant on a finalement pris sa décision, mais il faut faire les choses bien. J'ai moi même dû rester sur place trois mois de plus que ce que j'avais prévu pour régler ces histoires-là.
Regardes aussi les aides gouvernementales que tu peux toucher dans ton cas seule avec ton enfant, en nature (apartement, coupons de nourriture, etc...) comme en liquide.
Quand à ton petit, continue à passer de bons moments avec lui, quand ca ne va pas pense à lui et qu'il a besoin de toi, focalise ta douleur à limiter la sienne.
Pleurer et écrire m'ont beaucoup aidé, faire face à la douleur est bien plus efficace je crois que l'ignorer. J'ai notamment écris beaucoup de lettre de griefs contre mon mari, jamais il ne les lira mais quel soulagement de mettre des mots sur toute cette haine refoulée pour la "bonne cause" alors qu'au final ça a raté. Même s'il ne reconnait jamais ses torts, toi au moins tu les auras énumérés, catalogués en somme.
Personnellement ca m'a permis de prendre beaucoup de recul.
Voir un psy m'a aussi aidé, tu peux aussi demander aux services sociaux locaux une liste de psys gratuits ou peu chers, si elle existe.
Une des choses les plus difficiles a été d'accepter l'énorme changement que la séparation me réservait. J'ai du dire adieu à l'apartement de mes rêves, qui avait tous les conforts, et avec lui à mes illusions de mariage parfait et de vie toute tracée, j'ai du accepter de remettre en question 100 pourcent de ce en quoi consistait ma vie et mon quotidien depuis les 5 dernières années. Ca été très dur, je pleurais rien que de penser à quitter ce confort matériel, à devoir réinventer mes rêves et mes attentes, à voir tout ce vers quoi j'avais dirigé mes efforts pour semble t-il rien, comme si le tapis avait été tiré d'en dessous mes pieds.
J'avais l'impression de ne plus être, d'avoir une tempête au creux de l'estomac, de mourir à chaque seconde. Mon salut à été la fac, y aller chaque jour m'a donné un but concret au jour le jour, un échapatoire à l'enfer.
Peut-être peux-tu trouver quelquechose à faire à temps partiel, du bénévolat ou un job. Même si ce n'est que qq heures ici et là. Peut-être une activité qui peu inclure ton enfant comme un groupe de femmes seules avec des enfants?
C'est dur de laisser tomber la vision idéale des choses telle que tu voulais qu'elle soit pour ton enfant, mais rappelles-toi que les autres solutions même si elles ne te paraissent pas idéales, comportent aussi des avantages.
Je connais aussi la douleur que de l'imaginer aimant une autre, car on se sent si profondément rejetée, surtout après avoir tant travaillé pour que ca reparte. Mais toutes ces choses négatives ne doivent pas arrêter ton chemin vers le nouveau toi et ta nouvelle vie.
Probablement ton enfant connaîtra beau père, belle mère et même, les enfants de ceux-ci au sein de familles recomposées, mais est-ce si terrible d'être exposé à la diversité du monde? Bien sûr je comprend ta frustration quand au fait qu'une autre femme que toi joueras peut-être un rôle dans sa vie, mais tu resteras sa mère, d'autant que la garde partagée ne veut pas forcément dire qu'il ne sera avec toi que 50% du temps. Et puis je pense que ce dont tout enfant à besoin au-delà d'un confort financier et d'un foyer traditionnel, est de l'amour, ce dont d'après ta description ton coeur est rempli pour ton bout de chou.
Pour finir je te dirais ceci, il n'y a pas d'échappatoire, aucune solution ne sera parfaite, mais pour autant aucune n'est fondamentalement 100% mauvaise, essaye de voir le verre à moitié plein, plutôt qu'à moitié vide!!
Aujourd'hui j'ai des projets pour la rentrée, une année supplémentaire d'études pour trouver mes marques en France, je donne des cours pour gagner un peu d'argent, je vais m'acheter une vieille caisse pas cher. Et le plus important de tout, j'ai retrouvé quelqu'un, un homme formidable qui m'a montré que l'amour était encore possible après tant de souffrance. Surtout mes projets marchent en parallèle des siens, je n'ai donc pas la sensation de devoir faire des concessions pour lui comme j'en avais fait pour mon mari (ni lui pour moi d'ailleurs).
Voilà Océanne, j'espère que tu vas pouvoir y voir plus clair.
Je reste bien sûr à ton écoute, et n'hésite pas si tu a des questions précises, mon oreille est là pour toi (ou plutôt mon oeil!

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Take Heart,
Eglantine